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Ces garnisons françaises restèrent neutres et ne prirent aucune part à la guerre, qui continua entre les Corses et les Génois. Les officiers français manifestèrent hautement les sentiments les plus favorables aux insulaires, et les plus contraires aux oligarques, ce qui acheva de leur aliéner tous les habitants des villes. En 1768, les troupes devaient retourner en France : ce moment était attendu avec impatience ; il ne fût resté aucun vestige de l’autorité de Gênes dans l’île, lorsque le duc de Choiseul conçut la pensée de réunir la Corse à la France. Cette acquisition parut importante, comme une dépendance naturelle de la Provence, comme propre à protéger le commerce du Levant et à favoriser des opérations futures en Italie. Après de longues hésitations, le sénat consentit ; et Spinola, son ambassadeur à Paris, signa un traité par lequel les deux puissances convinrent que le roi de France soumettrait et désarmerait les Corses, et les gouvernerait jusqu’au moment où la République serait en mesure de lui rembourser les avances que lui aurait coûté cette conquête. Or, il fallait plus de 30,000 hommes pour soumettre l’île et la désarmer ; et pendant plusieurs années il fallait y maintenir de nombreuses garnisons ; ce qui devait nécessairement monter à des sommes que la république de Gênes ne pourrait ni ne voudrait rembourser.

Les deux parties contractantes le comprenaient bien ainsi ; mais les oligarques croyaient par cette