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rine d’Aléria avec quatre bâtiments de transport chargés de fusils, de poudre, de souliers, etc… Les frais de cet armement étaient faits par des particuliers et des spéculateurs hollandais. Ce secours inattendu, au moment où les esprits étaient découragés, parut descendre du ciel. Les chefs proclamèrent roi le baron allemand, le représentèrent au peuple comme un grand prince d’Europe, qui leur était un garant des secours puissants qu’ils recevraient. Cette machine eut l’effet qu’ils s’en proposaient ; elle agit sur la multitude pendant dix-huit mois : elle s’usa, et alors le baron de Neuhoff retourna sur le continent. Il reparut plusieurs fois sur les plages de l’île avec des secours importants, qu’il dut à la cour de Sardaigne et au bey de Tunis. C’est un épisode curieux de cette guerre mémorable et qui indique les ressources de tout genre des meneurs du pays.

En 1754, Pascal Paoli fut déclaré premier magistrat et général de la Corse. Fils d’Hyacinthe Paoli et élevé à Naples, il était capitaine au service du roi don Carlos. La piève de Rostino le nomma son député à la consulte d’Alésani. Sa famille était très populaire. Il était grand, jeune, bien fait, fort instruit, éloquent. La consulte se divisa en deux partis : l’un le proclama chef et général ; c’était celui des plus chauds patriotes et les plus éloignés de tout accommodement. Les modérés lui opposèrent Matras, député de Fiumorbo. Les deux partis en vinrent aux