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même sainte ; le serment est nul dès lors que le souverain est tyran.

Mal armés, sans discipline, ils battirent partout leurs tyrans, malgré leur nombre, leur expérience et leur artillerie. Assiégés dans le château de Bastia, ils étaient, au bout de deux ans d’une guerre opiniâtre, réduits à abandonner notre île, lorsque l’aigle impériale, arborée au lieu de la croix ligurienne, vint nous présager de nouveaux malheurs, mais non décourager notre courage.

Qu’avions-nous fait aux Allemands pour qu’ils voulussent notre destruction ? Que pouvait importer à l’empereur d’Occident qu’une petite île de la Méditerranée fût libre ou esclave ? Mais les puissances se jouent des intérêts de l’humanité, et les méchants ont toujours des protecteurs. Le général allemand, à la tête de sa petite armée, s’engagea dans des défilés ; il périssait infailliblement, lorsqu’il trouva dans l’humanité des Corses une commisération inattendue, dont il s’est rendu indigne par son lâche manque de foi. On lui accorda la permission de retourner à Bastia, à condition qu’il ferait savoir à son souverain la manière dont les Corses agissaient à son égard, et l’on conclut un traité de deux mois ; mais, avant l’expiration de la trêve, les Allemands se remontrèrent au delà du Golo en plus grand nombre. Au respect que nous avaient inspiré les armes d’un grand prince, succéda l’indignation pour