Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/205

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des soulèvements, ma nation serait si vile, qu’elle ne mériterait pas d’être plainte.

Immédiatement après la mort de Sampiero, on provoqua de toutes les manières les émigrations qui, dès ce moment, furent très considérables. On souffla partout l’esprit de la division, et la République accorda un refuge aux criminels ou favorisa leur fuite. Les émigrations s’accrurent. La peste affligea l’Italie ; elle vint en Corse ; la famine s’y joignit ; la mortalité fut immense… Le gouvernement se montra insouciant, et si ces deux fléaux finirent c’est que tout finit. C’est ici l’occasion de faire une observation bien remarquable : toutes les fois que les Corses ont perdu leur liberté, ils ont été, quelque temps après, affligés d’une grande mortalité. Après la conquête de 1770, on vit encore la mortalité et la famine dépeupler le pays. Alors la République ne garda plus de mesure ; elle jeta le masque, renversa le gouvernement national et établit les choses telles que nous les avons décrites.

Quelle position douloureuse ! le Corse sentit la peste lui dévorer les chairs, la faim lui ronger les entrailles, et l’esclavage navrait son cœur, effrayait son imagination et anéantissait les ressorts de son âme !!!

Cependant, pour maintenir ce peuple dans cet assujettissement, il fallait avoir une grande force ou se faire une étude de le diviser. On adopta ce dernier