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ses manœuvres ; il bat, à Borgo, les secours que le roi d’Espagne envoyait à la République. Enfin, sous cet intrépide général, les Corses touchaient au moment d’être libres, mais par un lâche assassinat, Gênes se délivra de cet implacable ennemi[1].

Dans la tombe d’Epaminondas s’ensevelit la prospérité de Thèbes ; dans celle de Sampiero s’ensevelit le patriotisme et l’espérance des Corses. Son fils Alphonse, trop jeune pour soutenir son parti avec éclat, se retira en France après deux ans de guerre. Un grand nombre d’insulaires le suivirent et abandonnèrent une patrie qui désormais ne pouvait plus vivre libre.

Les Génois ne trouvèrent plus de contradicteurs, leur politique leur réussit en tous ses points. La Maona, les Adorne, les Fregose s’étaient ruinés, et les Corses affaiblis par leurs victoires mêmes, furent obligés de se soumettre ; ils perdirent pour longtemps la liberté… Les infortunés ! ils reconnaissaient pour maîtres les meurtriers de Sinuccello, de Vincentellio, de Sampiero, ceux qui ordonnèrent les massacres à Montalto, à Calvi, à Spinola.

  1. Gustave Flaubert avait été frappé de la dramatique histoire qu’est la vie de Sampiero. Voyez, dans la première série de sa Correspondance, une lettre sur ce sujet. (Charpentier, édit. 1887.)