Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/196

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

femme, douces affections qui maîtrisent l’âme par le cœur, comme le sentiment par la tendresse… Sampiero aime tendrement sa femme Vannina, qu’il a laissée à Marseille avec ses enfants, ses papiers et quelques amis… C’est Vannina que les Génois entreprennent de séduire par l’espoir de lui restituer les biens immenses qu’elle a en Corse et de faire un sort si brillant à ses enfants, que son mari même s’en trouvera satisfait. Ainsi la patrie vivra tranquille sous leur gouvernement et elle vivra tranquille au milieu de ses terres, de ses parents, contente de la considération de ses enfants, et ne sera plus exposée à mener une vie errante en suivant les projets d’un époux furibond. Mais pour cela il faut aller à Gênes, donner aux Corses l’exemple de la soumission au nouveau gouvernement et de la confiance dans le sénat. Vannina accepte : elle enlève tout, jusqu’aux papiers de son mari, et s’embarque avec ses enfants sur un navire génois. Ils étaient déjà arrivés à la hauteur d’Antibes, lorsqu’ils sont atteints par un brigantin monté par les amis de Sampiero, qui s’emparent du bâtiment où est la perfide et la conduisent à Aix avec ses enfants.

La nouvelle du crime de Vannina élève dans le cœur de l’impétueux Sampiero la tempête et l’indignation ; il part, comme un trait, de Constantinople ; les vents secondent son impatience. Il arrive enfin en présence de sa femme.