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drir ; il lui dit qu’il ne faisait dans cette affaire qu’obéir, qu’il n’était que l’instrument, qu’il plaignait son malheur… « Fieschi, dit Rinuccio, je suis près de ma mort ; car je comprends bien que n’ayant pu me gagner, il faudra se défaire de moi ; mais souviens-toi que je porte à l’autre monde une conscience intacte ; les miens pleureront et vengeront ma mémoire ; les hommes de bien me citeront quelquefois ; tu ne sens pas combien cette idée est consolante ! Fieschi, tu vivras longtemps et heureux, ta mort sera lente, mais à ton convoi funèbre : joie à la société, s’écrieront les spectateurs, elle est délivrée d’un méchant homme ! » Rinuccio avait ressenti juste ; il ne tarda pas à mourir de faim et de misère.

Peu de temps après, Giovan Paolo dut céder à Ambrogio Negri, et sa catastrophe mérita une statue à ce vainqueur génois.


Rinuccio della Rocca (1502). — Rinuccio della Rocca, formé à l’école de Giovan Paolo, hérita de ses projets. On voyait revivre en lui les vertus inflexibles les anciens républicains. Il opéra six révolutions ; souvent battu, mais jamais découragé, il semblait avoir étouffé tous les sentiments pour les sacrifier tous à la patrie. Richesse, douceur de la vie, amour paternel, rien ne put arrêter en sa course cet indomptable ennemi de l’Offizio, le malheur qui le poursui-