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truire le reste de la faction de la Maona, renversa le parti des Fregose et fit régner la justice. Vainqueur des Turcs sur terre, il arma une flottille et battit leurs galères. Une grande partie de nos maux devait être causée par les papes. Par suite d’une donation qu’ils avaient faite de la Corse à Alphonse, roi d’Aragon, il vint, en 1420, avec quatre-vingts vaisseaux, pour s’en emparer… Vincentellio sentait que ce ne pouvait être qu’un torrent passager, il se joignit à lui et ils assiégèrent ensemble Calvi, dont ils se rendirent maîtres ; mais ayant échoué devant Bonifacio, Alphonse continua son voyage vers la Sicile.

Après son départ, à l’abri de la grande réputation de Vincentellio, les Corses vécurent en paix, et les particuliers de Gênes n’osaient s’aventurer contre un homme si favorisé de la fortune ; on réussit toutefois à gagner Simone-da-Mare, qui leva l’étendard de la révolte. Cet ennemi, quoique redoutable, n’aurait fait qu’augmenter les triomphes de Vincentellio, lorsque celui-ci, s’étant embarqué, fut pris par deux galères génoises et conduit à Gênes où il périt misérablement. Ainsi finit un homme qui, par ses rares talents, méritait l’estime des nations. Pourquoi Gênes, au mépris du droit des gens et de l’hospitalité, violait-elle cinquante-trois ans de paix ? C’est ce qui fut reproché par les puissances voisines ; mais, malgré ces reproches, ces avides marchands n’en recueillirent pas moins le fruit de leur crime.