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hissant les liens les plus sacrés de l’hospitalité, ils commencèrent à semer dans tous les cœurs le poison des factions.

Les Pisans, affaiblis par leur guerre, préoccupés des graves intérêts qu’ils avaient à soutenir dans le continent, se trouvèrent hors d’état de s’opposer aux projets des Génois et de maintenir la paix entre les différents pouvoirs qui existaient alors en Corse. Les seigneurs, ne connaissant plus de frein, aspirèrent à la tyrannie ; le peuple, dénué de protecteurs, se livra à tout l’emportement de son indignation, et menaça les barons de les dépouiller d’une autorité illégitime et contraire à tous les droits naturels. L’un et l’autre parti comptaient sur l’appui des Génois, qui fomentaient leurs discordes. Les barons, sur la promesse d’une protection efficace, se confédérèrent avec la république de Gênes et lui prêtèrent hommage. Les communes s’unirent et reconnurent Sinuccello della Rocca pour Guidice, ou premier magistrat.


Sinuccello della Rocca (1238). — Sinuccello della Rocca, distingué dans les armées pisanes par son rare courage, ne l’était pas moins par son austère justice. Pendant soixante ans qu’il fut à la tête des affaires, il sut contenir Gênes, et effacer des privilèges des seigneurs ce qui était contraire à la liberté publique. D’une humeur toujours égale, impartial dans ses jugements, calme dans ses passions, sévère