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zeraineté, pour s’indemniser des secours qu’ils avaient accordés, imposèrent, sous le titre de tribut temporel, le cinquième des revenus, et sous le nom de tribut spirituel… je crains que l’on ne me taxe d’exagération, je serai tenté de développer toutes les preuves…, oui, sous le titre de tribut spirituel, le père commun des fidèles, le vicaire d’un Dieu-Homme, percevait le dixième des enfants, que ses collecteurs prenaient âgés de cinq ans pour les transporter dans les palais de Rome. Briser les liens qui unissent les pères aux enfants, la patrie aux citoyens, s’appelait une chose spirituelle !… Quand les historiens ne présenteront que ce trait, ils offriraient une matière inépuisable aux méditations de l’homme sensé. Celui qui veut amollir l’empire de la raison, qui essaie de substituer aux sentiments infaillibles de la conscience le cri des préjugés, est un fourbe, il veut tromper !

Dans ces temps de malheurs et d’avilissement naquit Arrigo il bel Messere. Arrigo, descendant de Ugo, respecté de ses peuples, craint de ses vassaux, s’occupait quelquefois de leur bonheur ; quoique soumis à la cour de Rome, plus encore par les préjugés qui dominaient alors en Europe que par son serment, il obtint, après de longues négociations, la suppression du tribut spirituel. Le fer d’un Sarde coupa le fil des jours de ce prince. Arrigo ne laissant point de postérité, tous les seigneurs se cantonnèrent dans leurs châteaux, et après s’être longtemps disputé l'em-