Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/132

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Égarez-vous dans la campagne, réfugiez-vous dans la chétive cabane du berger ; passez-y la nuit ; couchez sur des peaux, le feu à vos pieds ; quelle situation !

Minuit sonne ; tous les bestiaux des environs sortent pour paître, leurs bêlements se marient à la voix des conducteurs : il est minuit, ne l’oubliez pas ; quel moment pour rentrer en vous-même, et pour méditer sur l’origine de la nature, en en goûtant les délices les plus exquises.

Au retour d’une longue promenade êtes-vous surpris par la nuit, arrivez-vous au clair des rayons argentés dans le parfait silence de l’univers : vous avez été accablé de la chaleur de la canicule ; vous goûtez les délices de la fraîcheur et le baume salutaire de la rêverie.

Votre famille est-elle couchée, vos lumières éteintes, mais non pas votre feu car les frimas de janvier s’opposent à la végétation de votre jardin… Que faites-vous là pendant plusieurs heures ? Je ne suppose pas que vous soyez égaré par la rage et par l’ambition des richesses ; qu’est-ce que vous faites ? vous jouissez de vous-même.

Vous savez que la métropole de Saint-Pierre de Rome est grande comme une ville ; une lampe est devant le principal autel : vous y entrez à dix heures du soir, vous marchez en tâtonnant ; cette faible lumière ne vous permet de voir qu’elle. Vous croyez