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temps, le spectacle affligeant de la flatterie et de la plus coupable adulation. Cela explique pourquoi les sciences vraiment utiles, celles de la morale et de la politique, ont langui dans l’oubli, ou se sont entortillées dans le labyrinthe de l’obscurité. Elles ont fait cependant dans ces derniers temps des progrès rapides. On le doit à quelques hommes hardis qui, impulsés par le génie, n’ont craint ni le tonnerre des despotes, ni les cachots de la Bastille. Ces rayons de lumière ont embrasé l’atmosphère, éclairé l’opinion, qui fière de ses droits, a détruit l’enchantement où étaient enlacées les nations depuis tant de siècles. Ainsi Renaud fut rendu à la vertu, à lui-même, dès qu’une main courageuse et amie lui présenta le bouclier où étaient à la fois tracés ses devoirs et son apathie. À quoi peuvent être mieux comparés les ouvrages immortels de ces hommes qu’au divin bouclier du Tasse. La liberté conquise après vingt mois d’énergie et de chocs les plus violents, fera à jamais la gloire des Français, de la philosophie et des lettres.

C’est dans ces circonstances que l’Académie propose de déterminer les vérités, les sentimens qu’il importe le plus d’inculquer aux hommes pour leur bonheur. Cette question vraiment digne de la méditation de l’homme libre fait l’éloge des sages qui l’ont proposée. Aucune ne pourrait mieux répondre au but du fondateur.