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CHAPITRE V LA BATAILLE D’ARMINIUS Les premières productions de Kleist n’avaient pas eu un caractère national. Les Schrofenstein, originairement, avaient l’Espagne pour théâtre ; Robert Guiscard se passait sous les murs de Constantinople, Penthésilée sous ceux de Troie ; ses comédies mettaient en scène des Hollandais ou des Grecs. Avec Catherine d’Heilbronn un pas avait été fait ; c’est l’Allemagne du Moyen-Age que Kleist mettait sous les yeux de ses concitoyens ; un nouveau progrès s’accomplit avec La Bataille d’Arminius et Le Prince de Hambourg ; dans ces pièces éminemment nationales, l’auteur, sous l’impression des événements contemporains, mettait directement son génie au service de son pays. La Bataille d’Arminius fut écrite dans les derniers mois de 1808. Kleist l’avait à peine terminée que, dès le i^*" janvier 1809, il l’envoya à Vienne où le poète Collin devait la faire représenter au Burgtheater. Mais la pièce flit trouvée beaucoup trop hardie par la censure à cause des allusions qu’elle contenait. Le même motif empêcha même l’auteur de la faire imprimer (i). Il dut se contenter de la faire circuler parmi ses amis à l’état de manuscrit, et ce n’est que dix ans après sa mort, en 1821, que Tieck l’imprima pour la première fois, dans l’édition qu’il donna des oeuvres posthu- (i) Koberstein, p. 152. Lettre à Ulrique du 17 juillet 1809.