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dant ſa propoſition, en me plaignant de ſon peu de confiance… Il preſſoit… J’héſitois… L’amour partait en ſa faveur… La timidité parloit encore plus haut ; & malgré les révoltes de mon cœur, j’allois arrêter ſes ſollicitations par un refus, quand les voix de quelques Religieuſes ſe firent entendre aſſez près de nous. On vient, dis-je, fuyez ; je ſerois perdue, ſi l’on vous trouvoit ici ! Qu’avez-vous à craindre, demanda-t-il, on ne me connoît pas. N’importe, repliquai-je, mon trouble me trahiroit… Adieu. Croyez que je vous aime ; que le tombeau me ſeroit moins affreux qu’un autre engagement… Comptez ſur ma réſiſtance, pour me conſerver à vous ; mais fuyez : par pitié… Je ſens que je me meurs. Quelle foibleſſe ! s’écria-t-il ; tout vous épouvante… Non, vous ne réſiſterez à rien. Mon malheur n’a plus d’incertitude.

Il alloit s’éloigner ; Mademoiſelle d’Aulnai le retint. On vous a vu, dit-elle ; votre fuite pourroit faire ſoupçonner du myſtere dans notre converſation avec vous : donnons-lui plutôt l’air de la néceſſité. Vous, feignez de vous trouver mal ; vous, de m’aider à la ſecourir. Tout réuſſit à notre gré. Les Religieuſes attirées par les cris de ma ſœur, ſe raſſemblerent autour de moi. Le Comte diſparut, & mon agitation