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c’étoit anticiper ſur les privations de la mort.

„ Indéciſe, agitée ; voulant telle choſe, telle autre ; me contrariant ſans ceſſe avec une incroyable fatigue,… ce que je ſouffrois en cette circonſtance, étoient ſans doute les cris de la nature, qui réclamoit en faveur de ſa conſervation. Je ne lui fermai pas l’oreille, tant que je me crus néceſſaire à ce que j’adorois… Votre arrivée, & ce qui la ſuivit, me forcerent d’en étouffer juſqu’aux plus foibles accents.

„ Trop occupée de vos plaiſirs, vous ne vous reſſouvîntes pas d’abord que j’exiſtois, & Madame de Rozane avoit quelque intérêt à vous en laiſſer perdre la mémoire.

„ Ce fut la voix publique qui m’apporta le bruit des fêtes que votre mari vous avoit données… Quels détails pour votre malheureuſe ſœur ! A quoi les deviez-vous ces fêtes ? Etoit-ce l’amour, étoit-ce la vanité de Murville qui vous couronnoit de roſes ?… Vous aviez l’un & l’autre, diſoit-on, l’air du bonheur : comment le concilier avec les violences que vous étiez obligés de vous faire ?… Etois-je trahie ?… Rozane étoit-il oublié ?… Une triſte lumiere diſſipoit les