Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/188

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 76 )

dre ? Comment ne devinai-je pas que cette mere injuſte ne s’oppoſoit à mes vœux, que pour ne pas joindre l’objet de ſa haine à celui de ſon amitié ? mais qu’elle l’en dédommageait par une autre ſelon ſon cœur, & qu’il en étoit aſſuré. C’eſt, ſans doute, parce qu’avec beaucoup de franchiſe, on ſoupçonne difficilement la fauſſeté dans ce qu’on aime.

„ Je n’écrivois pas à Murville, & ne recevois point de ſes lettres. Mon parti étoit pris de temporiſer, même ſans le lui dire.

„ Je voyois, avec tranſport, arriver la ſaiſon où vous le rameneriez à Paris, uniquement parce qu’il ſeroit un peu plus près de moi. J’avois réſolu de vous confier mon ſecret, de vous demander votre entremiſe… J’eſpérois… Eh ! que n’eſpérai-je pas ?… Rien, rien n’avoit donné atteinte aux illuſions dont je me repaiſſois, quand vous m’apprîtes la nouvelle de votre mariage. Dans cet inſtant, un coup de foudre m’auroit paru un bienfait du ciel… Je voulus me tuer,… un ſentiment de foibleſſe me retint : car je ne puis donner un autre nom à ce qui m’empêcha de terminer mes ſouffrances.

„ Mais ſi l’horreur du ſuicide avoit fait trembler ma main, j’avois d’autres voies