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d’amuſement avoit raſſemblé, chez ma mere, pluſieurs perſonnes dont j’étois du nombre. La Touriere du Couvent de *** entra d’un air extrêmement empreſſé… Mademoiſelle votre fille touche à ſa derniere heure, dit-elle. Madame, elle demande à vous voir ; le moindre délai la priveroit de la conſolation qu’elle deſire.

La Marquiſe reſta ſans parole… Ce ſilence m’inquiéta. Je connoiſſois ſon exceſſive répugnance pour les malades, en général, & celle qu’elle avoit pour ma ſœur, en particulier ; la crainte qu’il ne s’enſuivît un refus, m’obligea de la prévenir… J’ordonnai qu’on mît les chevaux, & m’offris de l’accompagner. Les diverſes queſtions que je fis à la Touriere, laiſſerent à Madame de Rozane le loiſir de préparer ſon apologie : elle la tira des lieux communs de la douleur, du ſaiſiſſement ; mais c’étoit à des femmes qu’elle entreprenoit d’en impoſer. Vous avez été bien vîte, pour m’engager dans cette démarche, ſans ſavoir ſi je l’approuvois, dit-elle, lorſque nous fûmes partie. J’ai cru, Madame, répondis-je, que vous ne vous refuſeriez pas à la priere de ma ſœur. — Cela pouvoit être ; mais il falloit vous en aſſurer, & ne pas donner légérement des ordres chez moi… Ce n’eſt ſûrement pas d’elle-même que Mademoiſelle d’Aulnai me