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ces ſeroient au moins une marque de votre amour, & vous ne m’en donnez que de la plus profonde indifférence. — Va, tu ne fais ce que tu dis, ni ce que tu veux. Un temps viendra où tu te féliciteras de ce qui te révolte aujourd’hui : je vais te le prouver en un moment.

Cette preuve fut tirée de mes charmes, des attaques fréquentes auxquelles ils m’expoſeroient, des précautions qu’il me faudroit prendre pour n’être pas atteinte des mêmes feux que j’aurois allumés, & ſurtout pour en empêcher l’éclat : c’étoit ſon refrein.

Rien de plus joli, de plus adroit, de plus flatteur. Ces cajoleries étoient ſoutenues de careſſes aſſez vives… Je me crus aimée, parce qu’on m’aſſuroit que je devois l’être. Ma colere s’appaiſa ; mon cœur s’attendrit… Peu s’en fallut que je ne m’accuſaſſe d’ingratitude envers un homme ſi jaloux de mon bonheur.

Rozane me fit la première viſite à l’heure où le cercle ſe formoit chez moi. Vêtu avec plus de goût que de magnificence, noble, ſimple, preſque négligé ; … il étoit admirable ! Je vis qu’on le remarquoit, j’en reſſentis une émotion… dont je n’examinai point le principe.

Le malin & pénétrant Murvjlle loua tout