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L’être suprême n’a institué ni monarchie, ni aristocratie, ni démocratie, ni gouvernement mixte ; cependant, par les lois générales ; il exige notre obéissance à celles auxquelles nous nous sommes fournis. On peut donc conclure, d’après la saine raison, que la juste autorité appartient aux rois et l’obéissance aux peuples. Il vaut donc mieux, pour les rois eux-mêmes, avoir leur autorité fondée sur des principes incontestables que de leur donner pour base des prétentions chimériques qui n’ont jamais été l’ouvrage que des fous et des fripons. Un droit humain incontestable est constamment préférable à un prétendu droit divin qui ne persuade point.

Mais allons plus loin. Ce droit divin dépend absolument des rois qui en font usage, oui pour gouverner bien, mais un droit divin pour gouverner mal est une absurdité et même un blasphème. Un peuple, un droit de succession, peuvent placer un mauvais prince sur le trône ; mais un bon roi ne tient son droit de gouverner que du roi des rois. La raison en est claire ; Dieu nous a créés pour nous rendre heureux ; le bonheur de la société dépend d’un bon ou d’un mauvais gouvernement : son intention a donc été de nous procurer un bon gouvernement.

Il faut se dire une bonne fois que les œuvres de perfection ne peuvent point s’adapter à notre