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de tous les siècles et de tous les pays.

Machiavel est un auteur d’un grand poids pour ceux qui veulent me combattre. Il propose aux princes l’augmentation de leur pouvoir, l’agrandissement de leurs domaines, et la soumission de leurs peuples comme devant êtres les seuls objets de leur ambition. Il recommande d’employer tous les moyens qui tendent à ce but, sans avoir égard à la moralité ou à l’immoralité des actions, l’affectation de la vertu est même, à son sens, chose très utile aux princes : en cela il appuie mon système. La seule différence qui se trouve entre Machiavel et moi, c’est que je veux la vertu réelle, et qu’il n’en exige que l’apparence.

De toutes les réflexions précédentes il faut conclure que les hommes n’ayant formé des sociétés que parce qu’ils ne peuvent pas vivre sans elles, ni dans un état d’individualité, et qu’ayant ensuite établi des gouvernements, parce que les sociétés ne peuvent se maintenir sans eux, ni subsister dans un état d’anarchie, le principal but de tous les gouvernements, doit être le bien du peuple qui les a créés pour son bonheur, et qui n’auraient pas existé sans leur consentement. Dans l’origine des sociétés, les hommes ont cédé une partie de leur liberté pour conserver l’autre. Mais, m’objectera-t-on,