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On chasse l’ermite, on referme à demi les fenêtres qui ont gardé leurs volets, et le vin coule de nouveau dans les coupes. Mais Éloi, Ouen et Babolein ne cachent pas le pressentiment qu’ils ont de quelque vengeance divine.

A peine cinq minutes se sont écoulées que les fenêtres s’ouvrent avec fracas ; le toit même gémit ; les murs tremblent. L’orage, avec plus de fureur encore, est venu s’abattre sur la maison royale, sur les jardins, sur les forêts qui l’entourent. Un éclair siffle dans la salle ; en même temps le fracas de la foudre retentit ; la foudre passe, tonne, renverse les coupes, brûle les lambris dorés, et s’échappe. Trois nouveaux coups frappés sur la porte se font entendre ; la porte s’ouvre. C’est saint Amand, l’évêque des campagnes, le pieux et vénéré Amand, qui, en robe blanche, le crucifix à la main, s’avance vers le roi et, au milieu d’un silence effrayant, lui dit : « Roi Dagobert, la fin de ta vie approche. Tu as été juste : pourquoi as-tu cessé de l’être ? Rappelle-toi Haribert ton frère, Hilpérick ton neveu, et les Bulgares, les hôtes désarmés. Quel compte rendras-tu à Dieu de leur mort ? Roi Dagobert, tu bois aujourd’hui pour la dernière fois le vin de la prospérité. Saint Denis te parle et te condamne par ma bouche. » Et saint Amand se retire sans que personne ait fait un geste, ni soufflé un mot.

Mais Dagobert se réveille de son étonnement,