Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/46

Cette page n’a pas encore été corrigée

roi son maître, ou tout au moins, lorsque l’heure en serait venue, le jeune prince son élève.

Il cachait bien ses secrètes pensées devant le roi, mais il n’épargnait pas à Dagobert les marques de sa haine ; il imaginait chaque jour quelque mauvais traitement, sous le prétexte qu’il fallait humilier sa jeunesse orgueilleuse ; il le punissait durement dès qu’il le surprenait en péché de paresse ou d’intempérance. Ce personnage à double face accablait le roi Chlother de flatteries continuelles : il vantait son courage, sa générosité, même sa rudesse, et il finissait toujours ses compliments par un soupir. Le roi lui demandait régulièrement quelle était la raison pour laquelle il soupirait, et il disait que c’était parce qu’il ne voyait que trop visiblement l’inutilité de ses soins pour lui assurer un digne successeur. Chlother II aimait assez ce genre de discours et il donnait à Sadragésile maintes preuves de son affection. C’est ce qui le rendit assez osé pour enfermer Dagobert lorsqu’il faisait de beaux temps de chasse. Sa méchanceté alla même jusqu’à blesser le bon chien Souillart pour que Dagobert fût bien malheureux. Celui-ci supportait son mal sans se plaindre haut, parce que l’amitié que Chlother avait pour le duc d’Aquitaine l’intimidait ; mais il sentait qu’il ne pourrait pas toujours contenir sa colère.

Un jour que Chlother était allé au loin à la chasse et que Dagobert était resté au logis avec son gouverneur,