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appela un charretier du voisinage qui amena son cheval, et le voulut, comme c’est la coutume, placer au travail, c’est-à-dire dans l’appareil de bois qui retient le cheval pendant qu’on le ferre.

« A quoi bon ? dit le jeune maréchal.

— Comment ! à quoi bon ? mais l’animal ne se laissera pas faire sans cela.

— Je sais le moyen de le ferrer proprement et promptement. »

Éloi, au comble de l’étonnement, ne savait que dire ; son rival s’approcha de la bête, lui prit la jambe gauche de derrière, la coupa d’un coup de couteau sans qu’aucune goutte de sang fût versée, mit le pied coupé dans l’étau, y cloua le fer en une seconde, desserra le pied ferré, le rapprocha de la jambe, le recolla d’un souffle, fit la même opération pour la jambe droite, et la fit encore pour les deux jambes de devant. Tout cela en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.

« Tu vois, dit-il en finissant, que je m’en tire bien.

— Oui ; mais je connaissais ce moyen-là ; seulement....

— Seulement ?

— Je préférais la méthode ordinaire.

— Tu avais tort, » ajouta en riant l’inconnu.

Éloi ne pouvant se résoudre à s’avouer vaincu, dit à ce singulier maréchal de passage : « Reste avec moi ; je t’apprendrai quelque chose tout de même. »

L’