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combien de fois chaufferas-tu un fer comme celui-ci ? Tu sais que je n’ai besoin que de trois chaudes.

— Trois chaudes ! c’est deux de trop.

— Pour le coup, mon ami, je crois que tu es un peu fou.

— Eh bien, laisse-moi entrer. »

L’inconnu prend un morceau de fer, le met dans la forge, souffle le feu, tourne et retourne son fer, l’arrose, le retourne encore, le retire, le porte sur l’enclume. C’est un morceau d’argent irisé de veines bleues, de veines jaunes, de veines roses, doux et souple comme une cire ; il le prend, et, de la main, du marteau, il le façonne sans le remettre dans la forge. En un instant le fer à cheval est achevé et cambré, ciselé comme un bracelet.

Éloi n’en peut croire ses yeux.

« Il y a, dit-il, quelque sortilége.

— Non ; mais je suis, comme tu le vois, passé maître dans le métier.

— Mais ce fer ne peut être solide.

— Examine-le. »

Éloi prit le fer et l’examina ; il n’y vit aucun défaut.

« Allons, dit-il, je n’y comprends plus rien, mais sais-tu ferrer la bête ?

— Donne-moi un cheval. »

Éloi