Elle lui en parla donc. Il fut ému, et prenant sur-le-champ résolution de l’avoir pour femme, il dit : « Pour que le roi d’Angleterre ne sache pas notre dessein, qui est juste, et pour qu’il ne me prévienne pas, je le suivrai et changerai mon nom ; et je ferai aussi aller une armée à moi par une autre route, lui donnant, sans qu’il y paraisse, des ordres et des nouvelles. Quand je serai par delà les monts, je verrai ce qu’il y aura à faire et le ferai. Et ainsi, ma mère, je vous prie de me donner votre avis, car je ne suis pas si arrêté en mon opinion que je ne veuille user de votre bon conseil. »
Quand la reine ouït si sagement parler son fils, elle en fut joyeuse, et aussi ceux du conseil le furent, et elle dit : « Mon fils, il me semble que vous avez sagement pris votre décision. Je veux pourtant que vous fassiez ce voyage en aussi haut rang que faire se pourra, car votre père en revint avec grand honneur et en triomphe. »
Pour abréger, les conseillers furent de même opinion, et, quand tout fut bien conclu, on ordonna que le roi ne verrait point le roi d’Angleterre, sinon secrètement et sans en être vu, afin qu’il ne fût pas connu de lui, et que les plus belles bagues, chaînes, colliers et autres choses nécessaires pour les cadeaux de noces, seraient portés en Espagne ; qu’on en laisserait toutefois une partie pour aider l’Anglais à