et trouva que quatre des plus grands personnages de l’Espagne avaient tout machiné pour parvenir à gouverner à leur volonté. Ces gens furent pris, et aussi cinquante complices, que le roi fit mener devant la reine, laquelle vint au-devant du roi et de son mari. Quand elle fut arrivée, elle se mit à genoux et ne voulut point se relever jusqu’à ce que le roi descendît de cheval ; il la releva alors en l’embrassant avec tendresse.
Et la reine, qui était une sage princesse, dit : « Très-haut et très-puissant roi, puisque vous avez délivré votre pauvre captive avec tant de générosité, je prie Dieu qu’il me fasse la faveur de vous être reconnaissante.
— Belle sœur, dit le roi de France, ne parlons plus de rien et réjouissons-nous seulement ; allez voir votre mari qui est ici près.
— Sire, dit-elle, quand je vous vois, je vois tout, et je ne veux pas vous quitter jusqu’à la ville. »
Quand le roi vit la grande humilité de cette dame, il la fit monter à cheval et la mena avec lui vers le roi son mari, qui fit fête à sa venue. Puis ils s’en allèrent en parlant de plusieurs choses jusqu’à Ségovie, qui fut toute tendue de tapisseries ; et le roi de France fut reçu avec grand honneur et en triomphe, ce dont lui et ses barons et tous ses soldats se trouvèrent charmés. Jamais ils n’avaient vu telle gloire.