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laquelle il était assis, et, courant après lui, fit tant qu’il le lui ôta. Le chien voulut se revancher. Là vous eussiez eu beaucoup de plaisir ; car Robert et le chien tiraient chacun par un côté, et Robert était couché par terre, mangeant à un bout, et le chien à l’autre.

Il ne faut pas demander si l’empereur et tous ceux qui étaient là présents étaient aises de voir la conduite de Robert envers le chien. Toutefois Robert fit tant qu’il lui ôta l’os et commença à manger, car il avait grand’faim, étant à jeun depuis longtemps. L’empereur, qui regardait toutes ces choses, jeta à un autre chien un pain entier ; mais aussitôt Robert le lui ôta, le rompit, en donna au chien, comme cela était juste, et mangea. L’empereur commença à rire quand il vit cela, puis il dit à ses gens : « Nous avons ici le fou le plus singulier et le plus vaillant que j’aie vu de ma vie. Je crois qu’il ne prend ni ne mange rien que par le moyen des chiens. »

Et afin que Robert pût manger son soûl, tous ceux de la maison de l’empereur donnaient à manger en grande abondance aux chiens. Quand Robert eut bien mangé, il commença à se promener par la salle, tenant son bâton en sa main, et frappant contre les bancs et les murailles comme s’il eût été fou. Et en se promenant par la salle, il