jugement pour voir qu’il fallait un vêtement chaud à Bénoni.
XXVII
Voici un autre trait qu’on ne saurait passer sous
silence. Il y avait auprès de cette retraite une fort
belle fontaine qui fournissait de l’eau à Geneviève
et à son fils. Je ne sais si la comtesse s’était jamais
regardée dans le cristal de cette fontaine ; mais
quand elle y eut une fois fixé les yeux, soit à dessein,
soit par hasard, et qu’elle eut aperçu les rides
de son front, elle eut de la peine à se reconnaître,
le souvenir de ce qu’elle avait été lui ôtant la
croyance d’être ce qu’elle était.
« Est-ce là Geneviève ! disait-elle. Non, sans doute : c’est quelque autre que moi. Comment se pourrait-il que ces yeux abattus et languissants eussent été pleins de flammes ? Ce front coupé de mille rides me dit que ce n’est pas lui qui faisait honte à l’ivoire ; ces joues flétries n’ont rien de pareil à celles qui étaient faites de roses et de lis.
« O cruelles douleurs ! ô misères de ma vie ! quelle étrange métamorphose vous avez faite ! Répondez-moi, impitoyables maux : où avez-vous mis la neige de mon teint ? Geneviève, Geneviève,