Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/138

Cette page n’a pas encore été corrigée

as-tu de te plaindre ? Tu demandes quel crime t’a mise ici ? hé ! dis-moi quel crime m’a cloué sur la croix. Es-tu plus innocente que moi, ou tes maux sont-ils plus grands que les miens ? tu es sans crime ; j’étais sans crime. Tu n’as pas commis l’infamie dont on a voulu ternir ta réputation : peut-être que je suis un séducteur et un magicien, ainsi qu’on me l’a reproché ? Tu ne trouves aucune consolation dans les créatures : n’est-ce pas assez de celle qui te vient du Créateur ? Personne n’a eu compassion de tes maux : qui a eu pitié des miens ? Les êtres inanimés ont eux-mêmes horreur de ton affliction ; et le soleil n’a-t-il pas refusé de regarder la mienne ? La misère de ton fils augmente tes regrets ! crois-tu que la douleur de ma mère ait amoindri mes tourments ? Console-toi, ma fille, et laisse-moi le soin de tes affaires. Pense quelquefois que celui qui a fait tous les biens du monde en a souffert tous les maux. Si tu compares ton calice avec le mien, tu le boiras avec plaisir et tu me remercieras de la faveur que je te fais de vivre dans les douleurs pour mourir dans les joies. »

Ce serait une chose superflue que de vous dire la confusion que ce petit reproche mit dans l’esprit de notre sainte ; mais s’il la fit rougir, il lui donna tant de courage et de résolution que toutes les épines ne lui semblaient que des roses : aussi était-ce le dessein de Dieu de l’animer à la patience.