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vous que la vertu soit si cruellement traitée ? N’est-ce pas assez de cinq ans de misère pour être content de ma patience ? Quand j’aurais renversé tous vos autels et brûlé vos temples, mes larmes devraient avoir éteint votre colère. Je croyais que mes malheurs vous donneraient lieu de faire paraître que vous êtes le protecteur de l’innocence aussi bien que le vengeur des crimes. Il y a cinq ans que j’endure un terrible martyre. On dirait que ma misère est contagieuse ; personne ne m’approche. La faim, la soif, le froid et la nudité sont la moindre partie de mes maux. Ah ! Seigneur, si vous voulez affliger la mère, que ne prenez-vous en main la protection de son enfant, puisque vous savez qu’il a été incapable de pécher ? Pardonnez-moi, mon Dieu, si la douleur m’arrache ces plaintes ; mais j’ai cru que, puisque j’ignorais la cause de tant de maux, je pouvais en chercher le soulagement dans le sein de votre miséricorde. »

Le petit Bénoni mêlant ses larmes à celles de sa mère, ils éclataient en gémissements si pitoyables que les rochers en semblaient touchés.

Enfin la pauvre Geneviève, continuant ses regrets et embrassant amoureusement la croix, disait : « Mon Dieu, que vous ai-je donc fait pour que vous me traitiez avec tant de rigueur ? » Pendant que Geneviève parlait, elle entendit une voix, celle du crucifix, qui disait : « Eh ! quoi ! ma fille, quel sujet