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XIV AVIS SUR L’USAGE DE CE DICTIONNAIRE.

MANUEL D’ORTHOGRAPHE.

Le rapprochement et la comparaison des nomenclatures des Dictionnaires indiquent leurs différents systèmes d’Orthographe. Cette partie du Lexique, regardée comme très-importante par un grand nombre d’Écrivains, est indispensable pour les Typographes, obligés non-seulement de suivre les divers systèmes adoptés par les auteurs dont ils impriment les ouvrages, mais très-souvent même de les rectifier, ou du moins de leur donner une véritable uniformité : le génie, uniquement occupé des objets, des pensées, des images, ne s’arrête point aux minutieux détails, nécessaires cependant pour la publication de ses œuvres. À la vérité, le système d’orthographe de l’Académie domine dans tout l’ouvrage ; mais les variantes sont indiquées par les lettres initiales du nom ces Dictionnaires : quelquefois ceux-ci sont tous opposés à l’Académie, qu’il faut alors rectifier…

L’Orthographe est comme la pierre de touche de l’éducation ; car celui qui écrit incorrectement les termes d’une science, en ignore probablement les faits. Mais elle est surtout indispensable pour les étrangers ; ses variantes multiplient pour eux les difficultés déjà trop nombreuses de la Langue française. En effet, ils ont remarqué que très-souvent le changement d’une seule lettre dans un mot lui donne un sens tout à fait différent (Voyez les Paronymes) ; et lorsqu un mot qu’ils connaissent leur est présenté sous une Orthographe nouvelle, ils supposent qu’il signifie tout autre chose, et se trouvent arrêtés. Cette considération importante doit retenir les novateurs, même dans les améliorations. Ce Dictionnaire, par le rapprochement de toutes les manières d’écrire le même mot, levé les difficultés et fait éviter les méprises..

Les poètes, moins astreints à l’uniformité de l’Orthographe, peuvent trouver dans les variantes la facilité de donner aux mots qu’ils emploient la mesure et les terminaisons convenables.

Lorsque les Dictionnaires sont partagés d’opinions, on peut prendre pour guide l’équivalent latin qui se trouve après le mot, et surtout l’étymologie.

XXVI. Exemples d’Orthographes comparées.

ANÉGYRAPHE, adj. 2 g. et s. m. sans titre. Anépygraphe. A. R. G. C. AL. vicieux, voy. Anépi-.

AVOINE, s.f. Avena. Sorte de grain pour les chevaux.

— Manche. — noire. : pl. avoines sur terre.

Aveine. c. v. ou Avaine. R.

BAÏONNETTE, s. f. Sica. espèce d’épée au bout du

fusil, -onete. R. Bayonnette. c. (de Bayonne.)

BELOEDER, voy. Belveder.

CRUSTACÉS, adj. 2 g. et s. m. -ceus… -cé. R. A. G.

ERMITE, s. m. Eremus. solitaire qui vit dans un

désert ; beau coléoptère ; papillon ; crustacés. (abus.) Her-. (erémos, désert, gr.)

HYPÈTHRE, s. m. Subdiale, s. f. -thrus. temple

découvert ; lieu en plein air, consacré aux dieux.

—pètre. a. -pètres, pl. G. C. -pethre. RR. (hupo, sous aithra, air. gr.)

MARTRE, s. f. -tes. sorte de fouine à gorge jaune,

à ongles fixes ; sa peau en fourrure, et -te.

MYSTIQUEMENT, adv. -ticè. (expliquer, entendre

—) selon le sens mystique. Mist-. G. CO.

Il est essentiel de faire observer au Lecteur qu’il ne doit pas, en cherchant un mot dans ce Dictionnaire, s’arrêter exclusivement à l’Orthographe, quelquefois imaginaire, qu’il peut lui supposer ; ce serait s’exposer à ne pas trouver ce mot : il faut au contraire le chercher sous toutes les Orthogiaphes possibles, et n’accuser le Dictionnaire d’omission que lorsque ces recherches n’ont rien produit. Par exemple, un mot qui n’est pas au C, peut être au Ch ou au K, etc., etc. L’Auteur, pour rendre ces recherches plus faciles au lecteur impatient, a souvent mis le même mot à deux places, sous deux orthographes, avec le renvoi : mais il ne devait pas grossir le Dictionnaire, en y admettant les ridicules produits d’un Néographisme bizarre, qui méprise l’usage sans pouvoir s’appuyer de la prononciation véritable, ni même de l’étymologie. Ce Néographisme, inventé par des écrivains du premier mérite (DUCLOS, PIRON, etc.), a été justement dédaigné : ces auteurs n’avaient pas réfléchi qu’ils rendaient la lecture de leurs ouvrages rebutante aux Français et impossible aux étrangers. L’Auteur n’a pas cru devoir donner non plus l’orthographe inusitée de MAROT, MONTAGNE, etc. qui écrivaient estoyent pour étaient, etc : ce n’est point cette manière d’écrire qui constitue la naïveté ou la force de leur style.

ÉTYMOLOGIE,

L’étymologie est de deux espèces : le plus souvent, elle est dérivée de langues mortes ou étrangères, surtout du latin ; et alors elle est certainement le guide le plus sûr, non-seulement pour l’Orthographe, mais pour l’interprétation des mots, surtout de ceux qui sont employés par les Sciences, les Arts, etc. Quelquefois elle est purement anecdotique et fondée sur d’anciennes locutions françaises : elle n’est indiquée alors que pour satisfaire la curiosité du lecteur. Chaque mot français est suivi, dans ce Dictionnaire, de son équivalent latin, lorsqu’il en a un ; ce latin a été pris dans les meilleurs auteurs, et l’analogie a servi presque toujours de guide dans le choix, ce qui a permis très-souvent de ne donner que la terminaison latine, pour économiser le terrain. Les Étymologies grecques, arabes, latines, hébraïques, etc., etc. sont placées à la fin des articles, et entre deux parenthèses ; elles sont écrites avec des caractères français, parce que le véritable caractère les auraient rendues inutiles pour le plus grand nombre de lecteurs ; mais pour l’utilité des Savants ou plutôt de ceux qui veulent le devenir, l’Auteur a donné un alphabet français et grec, à l’aide duquel il sera facile de rétablir ce grec travesti.

Afin d’épargner le terrain, une racine grecque n’a été mise qu’une fois pour tous les mots qu’elle produit ; elle a été remplacée par un tiret (—) aux mots suivants.

L’Auteur n’a cité que très-peu d’étymologies empruntées aux langues étrangères modernes, parce qu’il est difficile de savoir à quelle langue appartient réellement le mot primitif. Le français, étant depuis long-temps la langue universelle, a prêté plus de mots qu’il n’en a reçus.

XXVII. Exemples d’étymologies grecques, latines, etc. ou anecdotiques.

HARO, s. m. Queritatio. t. de prat. clameur pour

arrêter quelqu’un ou quelque chose, et procéder sur le-champ en justice ; (famil.) crier—, se récrier

contre. (Ha ! Raoul ou Roi, Rollon, ancien duc de

Normandie, très-équitable.)

PHYSIONOMIE, s. f. l’air, les traits du visage ; art, faculté de connaître le caractère, les inclinations, par l’inspection des traits du visage, A. et Physiognomonie. Lavater. J B. (phusis, nature, gnomon, indice, gr.)

RHISAGRE, s. f. instrument de dentiste pour arracher les chicots, G. C. -zag, RR. (rhiza, racine, agra,

prise, gr.)

RHIZÉLITHE, s. f. racine empreinte dans le marbre ; v. racine pétrifiée. -te. (—, lithos, pierre, gr.)

RHIZOPHAGE, s. m. qui vit de racines. (—, phago,

je mange, gr.)

RHIZOSTOME, s. m. -ma. radiaire mollasse ; suceur.

(—, stoma, bouche, gr.)

STRATIGRAPHIE, s. f. description d’une armée, de

tout ce qui la compose, des armes, des campements,

etc. (stratos, armée, graphe, e décris, gr.)

TEMPLIER, s. m. chevalier d’un ancien ordre religieux et militaire comme celui de Malte, gardien

du temple à Jérusalem ; (famil., prov.) boire comme un —, excessivement ; ou comme un temprier (vi.)

ou verrier. —s, pi. ordre du Christ

PRONONCIATION.

Il est incontestable qu’une prononciation parfaite, dans une langue quelconque, ne peut, eu général, être acquise que dès l’enfance et donnée que par une nourrice, des parents ou des maîtres qui prononcent bien. Il est impossible de figurer toute la Prononciation d’une langue avec des lettres, parce que les voyelles et beaucoup de consonnes, n’ont pas le même son dans toutes les langues, dans tous les jargons ; et enfin, en supposant même que cette Prononciation pût être figurée, il faudrait des figures différentes, non-seulement pour les discours d’apparat, pour la conversation, mais pour l’accent de chaque passion.

Cependant on peut quelquefois, à l’aide de cette Prononciation figurée, donner aux habitants des départements qui ont un accent, ou aux Étrangers qui connaissent un peu la Langue, les moyens de se corriger. Il est certain que, dans plusieurs cas, ces figures sont nécessaires pour les jeunes cens, et l’Académie elle-même indique souvent la Prononciation : l’Auteur en a donc donné une nouvelle, figurée à l’aide des accents, des brèves et des longues ou de lettres redoublées. Ce système, qu’il a refait en entier, est celui de la Prononciation de la capitale, dans laquelle il est né, où il a vécu dans le sein de la classe lettrée Il a soumis ce travail à l’oreille de personnes qui appartiennent à la même classe et qui connaissent la musique ; et fort de leur approbation il croit avoir évité