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XII AVIS SUR L’USAGE DE CE DICTIONNAIRE.

blés ; ils ont été puisés dans les Dictionnaires ou Traités particuliers des Sciences, Arts, etc, et accompagnés de définitions concises avec l’indication de la branche de connaissances à laquelle ils appartiennent. L’Auteur, en faisant ce travail, s’est vu enhardi par ce principe incontestable dans un Dictionnaire, ce que abonde ne vicie pas car ce sont surtout les mots qui se rencontrent rarement que l’on y va chercher de préférence. L’explication de ces mots est indispensable, non-seulement pour les personnes studieuses qui parcourent les livres de Sciences d’Arts, etc qui lisent les feuilles périodiques, mais encore pour les hommes qui veulent communiquer avec les Savants, les Artistes, les Ouvriers et les gens du Peuple en général. Ceux-ci surtout sont plus pédants et plus railleurs que les savants mêmes ; et lorsqu’ils s’aperçoivent que l’on ne s’exprime pas en homme du métier, non-seulement ils donnent carrière à leurs lourdes plaisante ri es mais ils s’enhardissent à tromper ; au contraire, la connaissance du langage propre et technique impose aux railleurs, aux charlatans et aux fripons elle les force à se tenir sur la réserve Il était donc indispensable de réunir tous ces mots avec leur explication, en faisant connaître à quel titre ils doivent être distingues de la Langue proprement dite. Ces considérations font sentir tout l’avantage d’une Nomenclature plus riche et plus abondante que celle des autres Dictionnaires ; mais elles n’auraient pu justifier l’admission d’un grand nombre de termes bas ou obscènes, etc., recueillis par le Dictionnaire des halles, etc., termes qui saliraient inutilement l’imagination des lecteurs.

XIX. Exemples de mots employés par de bons Auteurs.

ABERRATION, s. f. -tio. petit mouvement apparent des étoiles fixes ; t. d’opt. dispersion des rayons ; iris ; (— de réfrangibilité, de sphéricité) ; A. t. de chir. déplacement des parties solides ; B. de la force vitale ; A. (fig.) erreur ; dérangement, action d’errer. [Année litt.]

BRUNISSEUR, adj. m. (peuple) qui abrutit les nations conquises. [Voltaire.]

CONTEMPTEUR, s. m. -tor. (des richesses) qui méprise, (poét.) [Desfontaines. Houtteville. La Bruyère.]

ENTRE-DÉCHIRER (s’), v. récipr. se déchirer mutuellement. [Fénélon.]

GRADUELLEMENT, adv. Gradatim. par degrés (s’élever —). (omis, usité.)

INAMUSABLE, adj. 2 g. qui ne peut être amusé.Demoustier. Dorat. Mad. de Somery.]

MÉPLACER, v. a. -ce, e, p. ne pas placer selon les convenances. [La Harpe.]

PIERROT, s. m. paysan comique et mais [Bouhours. ] ; moineau franc, B.

PROSAÏSME. v. n. écrire en prose. [J.-J. Rousseau.] RAPPELANT, adj. (souvenir) vif, profond. [J.-J.]

RAPSODER, v. a. -dé, e, p. raccommoder mal et sans soins, (iron.) [Sévigné.]

RAGAILLARDIR, v. a. mettre en bonne humeur. [ Molière.] (se —), v. pron. famil. B.

RÉORGANISATION, s. f. action d’organiser de nouveau ; ses effets. [Linguet.]

RÉSISTIBLE, adj 2 g. auquel on peut résister. Desfontaines.l

ROCAILLEUX, adj. (chemin-), plein de cailloux) (fig. style —), dur. [Année littéraire.] (usité, omis. ;

On trouvera dans ce Lexique des Concordances de mots nouvelles ou mieux déterminées, qui, substituées aux anciennes, rajeunissent le style.

XX. Exemples de nouvelles Concordances.

ESPÉRER, v. a. et n. -ré, e, p. Sperare. avoir espérance ; être dans l’attente d’un bien (— récompense, une récompense ;-un bien ; n’en rien — ;

— l’avoir, — qu’il viendra ; — de vous revoir, A. mieux, que l’on vous reverra). —, se dit absol. (ex. :

— de la bonté du prince ; — en Dieu). — que l’on

fera et non de faire.

VAINCRE, v. a. Vincere. remporter la victoire, un grand avantage à la guerre, sur ses ennemis ; l’emporter sur un concurrent ; l’emporter sur (— ses ennemis, par force, par ruse) ; surmonter, dompter (fig.) (— ses passions, ses désirs), surpasser (— ses rivaux ;

— en générosité ; se dit absol.) ; (se —), v. pers. dompter ses passions, v. récipr., v. pron. être, pouvoir être vaincu, -eu, e, p. adj. — du temps [Malherbe. ] ; — des obstacles. [Racine.] (poét.)

VERSATILE, adj. 2 g. Mobilis. variable (loi —).Montesquieu.]

Les notes, les observations des Critiques ou Commentateurs sur les créations du génie, ont été puisées dans les commentaires les plus estimés ou les Auteurs dont le goût sert aujourd’hui de règle.

XXI. Exemples de notes des Commentateurs.

CANDIDEMENT, adv. -didè. Cnus.) avec candeur, A. c. G. R. v. T. [Richelel.] (vicieux.) [Desfontaines.]

ÉVITABLE, adj. 2 g. -bilis. qui peut être évité (malheur —). Cnus. très-bon.) [Voltaire.]

BÉNISSEUR, s. m. qui châtie (foudre —). [Molière. J.-J. Rousseau.] v. Cnus. très-bon.) [Voltaire.]

VIS-A-VIS, adv pour envers, (vi. et vicieux.) Voltaire.]

DÉBORDER, v. a. -dé, e, p. Exundare (se—),

v. pron se dit des sentiments [J.-J. Rousseau.] et

des idées. [La Harpe]

Plusieurs auteurs ont donné aux mots de nouvelles acceptions qui enrichissent la Langue et qu’il est permis d’adopter.

XXII. Exemples de nouvelles acceptions.

DÉRÈGLEMENT, s. m. Dissolutio. état de choses déréglé, hors du cours ordinaire de la nature, des règles de l’art ; désordre (— des moeurs, des idées, de l’imagination, des humeurs, du pouls, d’une machine, etc.) ; opposition aux règles de la morale

—ré, c.

SÉCHERESSE, s. f. Siccitas… t. de dévotion, état de l’âme refroidie qui ne trouve plus de consolation

dans les exercices pieux [Fléchier. Nicole.] ; se dit de la verve refroidie, stérile.

DÉFINITIONS. — Mais il se présente un fait plus étonnant encore que la négligence de l’Académie à recueillir tous les mots employés par les écrivains et les savants : la principale et la plus difficile tâche des Académiciens lexicographes était certes de définir les êtres, y compris les plus abstraits, les plus universels ; c’est là un travail pour lequel l’intelligence réunie des philosophes de tous les âges, n’eût point été de trop : or, dans leurs œuvres sublimes, de profonds métaphysiciens, des hommes de génie, CONDILLAC, DESCARTES, HOBBES, LOCKE, MALEBRANCHE, PASCAL, etc., etc., offraient, dispersées cà et là, d’excellentes définitions ; l’Académie n’en a fait aucun usage, quoiqu’elles pussent servir à préciser, souvent même à rectifier les siennes. L’Auteur du présent ouvrage n’a pas imité cette insouciance ou cette présomption : il a soigneusement recueilli ces fragments inappréciables. La partie la plus utile de cet ouvrage, les Définitions fournies par les Métaphysiciens ou par les grands Écrivains, sont également importantes et pour les AUTEURS et pour les LECTEURS : les jeunes amis des lettres pourront exercer leur discernement, en comparant et méditant ces résumés de la science humaine. Jusqu’ici, elles étaient éparses dans des ouvrages trop profonds ou trop volumineux ; elles paraissaient souvent ou trop diffuses ou trop abstraites : tantôt l’Auteur les éclaircit en les développant, tantôt il les réduit à leur plus simple expression, et toujours sans ajouter rien qui les dénature, sans rien retrancher de ce qui les constitue. Ce genre de travail s’est trouvé, non le plus fastidieux mais le plus pénible de tous ceux qu’a exigés la composition de ce Dictionnaire, et l’on peut se faire une idée de ces difficultés en parcourant entre autres asti dieux métaphysiques qu’il a fallu lire attentivement et analyser, la PHILOSOPHIE DE KANT, traduction de CH. DE VILLERS, ouvrage qui présentait le système de Métaphysique le plus récemment admis en France.

Le rapprochement et l’ensemble de ces phrases descriptives, auparavant éparses dans toute une bibliothèque, donnent un véritable Code de Définitions ; ce sont comme des traits de lumière retirés des épaisses ténèbres de la métaphysique, et réunis en faisceaux pour aider à discerner les êtres ou les lois dont la connaissance exacte est nécessaire à l’homme.

Ces définitions, qui ramènent aux vrais principes, doivent servir à terminer les discussions inutiles et à réprimer les divagations de cette faculté que l’on appelle Esprit, faculté qui, trop souvent, ne s’arrête qu’à la face la plus brillante des objets. Elles font découvrir les fausses acceptions les alliances vicieuses de mots, les pétitions de principes sur lesquelles on échafauda tant d’absurdes systèmes : elles aident à analyser et à réduire à des propositions évidemment erronées les déclamations les plus séduisantes et les plus captieuses. évidemment

XXIII. Exemples des définitions extraites des auteurs.

BONHEUR, s. m. Felicitas… accord, proportion

juste [Trublet.], ou approchée, entre les désirs, les besoins, et le pouvoir de les satisfaire [Dumarsais.] ; absence des peines [de Lewis.] ; absence du mal [Épicure. ] ; état dont on doit désirer la durée [Fontenelle.

suite longue et rapide de désirs satisfaits [Hobbes.].

— ou félicité, le plus grand plaisir dont on puisse jouir [Locke.]. —, état durable dans lequel le plaisir surpasse la peine [Saint-Lambert.] ; suite de plaisirsVoltaire.] ; santé parfaite de l’âme et du corps ;

suite de sensations ou d’idées agréables ; état d’harmonie parfaite…

DÉLICATESSE, s. f. Subtilitas sensibilité excessive ; susceptibilité [Bossuet. Fléchier. Molière. Nicole. ] ; finesse et justesse de l’esprit [Bussy.] ; recher-