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VIII AVIS SUR L’USAGE DE CE DICTIONNAIRE.

et toujours remplacé les exemples par des phrases quelquefois fautives empruntées à des auteurs modernes, qu’il peut être permis de ne pas préférer toujours aux premiers rédacteurs du Dictionnaire de l’Académie. En présence de ces tristes résultats obtenus par les prétendus ennemis de la routine, l’auteur du Dictionnaire universel crut pouvoir, avec sécurité, reprendre pour base sa 5 édition, rédigée sur le plan de tous les bons Dictionnaires anciens et nouveaux, avec les améliorations exigées par D’ALEMBERT, VOLTAIRE, etc., etc.

Mais comme la réunion et la combinaison de tant d’objets divers dans un format portatif pouvaient occasionner beaucoup de confusion, et augmenter les difficultés au lieu de les résoudre, l’Auteur a dû s’imposer la méthode la plus claire, la plus précise : il s’est astreint à l’ordre le plus régulier dans la disposition de ses matériaux.

Aux AUTEURS, il donne les Mots, Acceptions, Définitions qui forment le corps de la Langue française, prise dans sa pureté académique : ces mots, il les a recueillis dans les bonnes éditions du Dictionnaire de l’Académie ou dans les Écrivains les plus corrects, dont il cite toujours les noms ; il y joint la Concordance, l’Orthographe, la Synonymie, le Latin et l’Étymologie des mots, l’indication des divers styles auxquels ils sont consacrés, celle de leur usage plus ou moins fréquent, et quelques observations critiques, lorsqu’ils en ont été l’objet : il offre ainsi les modèles à suivre et les fautes à éviter.

Aux LECTEURS, il donne, dans une nomenclature immense, mais bien caractérisée par des citations, tous les Mots du langage ancien et moderne, de l’Archaïologie (I), de la Néologie et du Néologisme ; tous les Termes de Sciences, Arts, Métiers, Manufactures, etc., qui peuvent arrêter dans la lecture des livres écrits en français, ou dans celle des feuilles périodiques : il les fait suivre de leurs définitions et acceptions : il indique même les mots qui, rigoureusement parlant, ne sont pas français.

GENRES D’UTILITÉ DE CET OUVRAGE.

Les divers genres d’utilité qu’offre ce Dictionnaire ne peuvent être reconnus et sentis qu’en suivant l’exposé du travail fait pour sa rédaction, et en parcourant des exemples. Les différentes parties de cet exposé justifieront successivement l’exactitude du titre.

EXTRAIT COMPARATIF, CONCORDANCE CRITIQUE ET SUPPLÉMENT DES DICTIONNAIRES.

DÉFINITIONS ET ACCEPTIONS. — Le Dictionnaire de l’Académie, édition de 1762, et toutes les éditions postérieures, y compris surtout celle de 1835, qui a reçu de notables améliorations, seront toujours la base des bons Lexiques français : l’Auteur a donné la NOMENCLATURE, l’EXTRAIT des définitions et acceptions de ce Dictionnaire ; mais, comme ces acceptions ont subi de grandes variations, comme ces définitions sont souvent incomplètes, il a intercalé dans cette analyse les additions nécessaires et les nuances diverses d’acceptions reçues. Il a joint de plus, à chacune des définitions ou acceptions qui le comportent, des exemples de locutions usitées, épistolaires, familières même, placés entre (…), et dans lesquels le mot de l’article est représenté

par un (—) ; enfin, et pour obtenir le résultat le plus satisfaisant possible, il a encore ajouté, à ces diverses augmentations, un choix de phrases substantielles, ou PENSÉES tirées des meilleurs auteurs (Voyez ci-après la Table des Auteurs cités). Ces phrases, modèles d’élocution, complètent son travail, en offrant l’exemple à la suite du précepte : il les a placées, en caractères italiques, avec le mot de l’article ou sujet, en romain. Les chiffres 1, 2, 3, placés en tête de ces exemples, indiquent la corrélation qui existe entre ceux-ci et les définitions ou acceptions qui ont été données précédemment, et à la suite desquelles ces mêmes chiffres se trouvent répétés (Voyez la Table des Abréviations, et le Dictionnaire).

I. Exemples d’intercalations.

ABSTRAIT, e. adj. -tractas, séparé par l’abstraction intellectuelle ; (idée —e) métaphysique, qui présente un attribut séparé du sujet : ex. la bonté du cœur ; détaché des choses sensibles (être, âme) ; difficile à pénétrer ; profond ; contemplatif, plongé dans la méditation ; vague, distrait ; qui ne s’attache à rien de réel (imagination, pensée—) ; sans application à son sujet ; trop éloigné des idées communes ; tout occupé d’un seul objet, et distrait du reste ; t. de math, (quantité—) considérée sans égard à sa valeur

spéciale. —, s. m. l’opposé de concret, (syn.) etc.

MARINE, s.f. science de la navigation sur mer ; tout ce qui la concerne ; vaisseaux, etc. ; ce qui fait la puissance navale d’une nation ; corps des marins ; odeur, goût de la mer ; plage, côte de mer : t. de peint. tableau de la mer, d’un port, d’un vaisseau, etc.

RÉSOUDRE, v. a. -solu, e, p. Resolvere. faire cesser la consistance, l’union entre les parties ; amollir ; —, faire prendre une résolution ; déterminer (à). —, Statuere. former un projet ; arrêter, décider (—une

question) ; casser, annuler ; dissiper ; réduire, changer en. —, v. n. prendre une résolution (— de faire) ;

— de quelque chose, prendre un parti, faire un choixCorneille. Voltaire.], (se —), v. pers. (à), se déterminer ; se résigner ; prendre un parti [Voltaire.] ; se dit absol. ; être dissous ; s’amollir ; se réduire (les sels se résolvent en terre) ; se dit fig. ; v. pron. être résous (cette substance ne peut se —) ; consister (se dans. ..), voy. Résous.

II. Exemples de complément de définitions.

AFFAISSEMENT, S. m. Depressio. état de ce qui est affaissé ; abaissement par pesanteur ; (fig.) accablement, faiblesse, B. Afais-. R.

FANTAISIE, S. f, Voluntas. imagination ; faculté imaginative, t. didact. ; esprit ; idée, pensée fugitive, bizarre (avoir une ou des-s ; il lui prit-de…) ; humeur ; choix, voeu, envie, désir, volonté (vivre, agir à sa —) ; volonté passagère (pure —) ; opinion,

Les définitions des termes de sciences ou d’arts ont

sentiment, goût précaire (satisfaire ses-s) ; désir frivole, momentané ; caprice, boutade, bizarrerie (plus usité) (— ridicule ; être plein de-s). —, objet de fantaisie (acheter des —s ; fig., famil.) ; chose inventée, faite à plaisir, d’après un caprice, une idée, une inspiration du moment, et contre la rigueur des règles, etc.

TÉMOIN, s. m. Testis… —, qui prouve, atteste été ajoutées.

qu’une chose est (— de l’effet d’un remède, de l’influence magnétique, galvanique, électrique).,

spectateur ; marque, signe (monument-de la sottise de nos aïeux) ; ce qui sert à faire connaître, juger, estimer, retrouver, etc. se dit absol. et comme prépos., sans pl. —, défaut de la toute du drap ; buttes laissées après le déblai ; bord non coupé d’un livre ; pierre placée à dessein sous une borne, B. (syn.)

III. Exemples de définitions nouvelles ou complétées.

ACIDE, s. m. combinaison de l’air vital, ou oxygène, d’un principe acidifiant, avec un combustible ; substance d’une saveur aigre et piquante, qui fait effervescence avec les alcalis, les matières calcaires, et teint le bleu végétal en rouge, etc.

ÉLECTRICITÉ, s. f. -tas… fluide incoercible très-actif, quoique presque toujours invisible, qui se manifeste surtout par le frottement, le contact : il forme la foudre, (elektron, ambre jaune, gr.)

VITRIOL, S. m. Chalcantum. sel astringent formé

par l’union d’un métal avec l’acide vitriolique ou sulfurique ; t. d’anc. chimie, aujourd’hui sulfate, voy. ce mot. -le, s. f. pariétaire.

OXYGÈNE, s. m. base de l’air vital, l’un des principes de l’eau, principal générateur des acides, etc.

Quelquefois ces définitions, ou trop abstraites, on trop longues, ont été refaites en entier, sans en altérer le sens.

(I) M Boiste a le premier employé ce mot, en lui attribuant le sens spécial de : science du vieux langage, — pour scinder l’acception générale et vague accueillir(Note de l’Editeur.) la vaste science des antiquités. Ce néologisme paraît assez heureux et son immédiate avec archaïsme doit le faire