Page:Boissy-Oeuvres de Théâtre de M. Boissy. Vol.2-1773.djvu/232

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LA MARQUISE.

Je ne sais ; la Comtesse est au fond si pressante,
Que je crains qu’il ne cede à sa poursuite ardente.

LUCILE.

Ma tante, agissez donc pour détourner ce coup.

LA MARQUISE.

Vraiment, si je pouvois…

LUCILE.

Vraiment, si je pouvois…Vous y pouvez beaucoup.

LA MARQUISE.

La santé du logis s’y trouve intéressée,
Et c’est un procédé dont je suis offensée.

LUCILE.

J’en suis outrée ; il est tout des plus violens.
Vient-on dans les Maisons pour enlever les gens,
Dans le tems que leur art nous est si salutaire,
Quand notre vie y tient par un nœud nécessaire ?
Nous retomberons tous dès qu’il sera parti.
C’est un assassinat digne d’être puni.

LISETTE, à la Marquise.

Votre niece a raison, j’approuve sa colere ;
C’est vous couper la gorge.

LA MARQUISE.

C’est vous couper la gorge.Oui, nous devons tout faire
Pour fixer près de nous notre aimable Prussien.
Cherchons toutes les trois un prompt & sûr moyen.

LUCILE.

Il vous seroit aisé, si vous vouliez, ma tante,
De le lier ici d’une façon constante.

LA MARQUISE.

Apprens-moi donc comment j’y pourrai réussir ?

LUCILE.

Je crains…

LA MARQUISE.

Je crains…Tu ne dois pas ni craindre, ni rougir ;
Il me tarde déjà d’exécuter la chose.
Parle donc, qui t’arrête ?