Page:Boissy-Oeuvres de Théâtre de M. Boissy. Vol.2-1773.djvu/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



Scène IV.

LE BARON, MONTVAL.
MONTVAL.

Monsieur, comme Étranger, je parois devant vous,
Prévenu des bontés que vous avez pour nous.

LE BARON.

Oui, je fais cas, Monsieur, des Étrangers célebres.

MONTVAL.

Mon nom fût-il caché, Monsieur, dans les ténebres,
L’honneur que je reçois suffiroit aujourd’hui
Pour répandre du jour & du lustre sur lui.
Les Gens de Lettres sont dans votre estime encore,
Et c’est la qualité dont sur-tout je m’honore ;
Je la préfere à tout.

LE BARON.

Je la préfere à tout.Avec juste raison :
Moi-même je voudrois en mériter le nom ;
Il releve toujours l’éclat de la naissance,
Malgré l’erreur commune.

MONTVAL.

Malgré l’erreur commune.Elle n’est plus en France.
Tout le monde, à présent, y pense comme vous ;
Les Arts y sont chéris & cultivés de tous :
Le Seigneur le premier sait en donner l’exemple ;
L’Hôtel du Financier est devenu leur Temple ;
Lui-même il est Mécène & Virgile à la fois,
Et chaque état changé n’est plus tel qu’autrefois :
L’esprit a répandu par-tout la politesse,
Le jeune Militaire a pris l’air de sagesse :
Au spectacle, à l’étude, il donne son loisir,
Et consulte le goût même au sein du plaisir.