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De s’être, avec l’état, révolté contre vous.
Prononcez mon arrêt, l’exemple est nécessaire ;
Faites-vous justice aujourd’hui.
Un fils qui s’arme contre un pere,
Quelques durs traitemens qu’il ait souffert de lui,
Doit subir un trépas sévere.
Frappez, je recevrai le coup sans murmurer,
De votre main, encor, trop heureux d’expirer.

LE ROI.

Mon fils, un trait si grand & si digne d’estime,
Me fais rougir d’avoir trop crû
Les astres que dément votre vertu sublime.
Au lieu de châtiment, mon scéptre vous est dû.
Qui sait se vaincre ainsi, mérite la couronne.
Après ce changement qui m’enchante & m’étonne,
Régnez sur mes états que vous avez conquis
Par la force bien moins que par votre clémence,
Et que le bien public soit votre récompense.
De l’empire, à vos yeux, pour relever le prix,
Possédez avec lui cette aimable princesse ;
Vous rendant tous heureux, mes vœux seront remplis.
Je ne veux me livrer dans ma douce vieillesse
Qu’au bonheur d’être pere, & d’avoir un tel fils.

SIGISMOND.

Seigneur, à vos bontés votre fils trop sensible,
Ne prend en main les rennes de l’état