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Un feu que le péril a contraint d’éclater.
Ce que pour vous mon bras vient de tenter
Vous dit trop qu’en ce jour vous avez sû me plaire.

SIGISMOND.

Grands Dieux, en cet instant flatteur,
Si le charmant aveu qui frappe mon oreille
N’est que l’effet d’un songe séducteur,
Faîtes que Sigismond jamais ne se réveille !
Mais s’il veille, au contraire, au gré de ses souhaits,
Éloignez, de ses yeux, le sommeil pour jamais.

SOPHRONIE.

Vous veillez, croyez-en ma flamme :
Et, comme sur l’état, vous régnez sur mon ame,
L’un & l’autre vous offre un empire réel.
Si tout ce que je dis vous semble une chimere,
Si votre esprit persiste en son doute cruel,
Et n’en croit pas une amante sincere,
Qui franchit pour vous seul la bienséance austere,
Refuse Fédéric, & le trône avec lui ;
Qui, pour vous élever à ce trône aujourd’hui,
S’arme contre ce prince, & combat votre pere ;
Jetez les yeux, Seigneur, sur tout le peuple armé
Pour votre cause légitime ;
Voyez-le de ces monts couvrir toute la cime :
Venez, & montrez-vous à ce peuple charmé,
Votre destin, par lui, vous sera confirmé.