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SIGISMOND.

Non, je suis détrompé d’une vaine grandeur,
Qui n’a qu’un faux éclat, qu’un instant peut détruire ;
Et j’ai trop fait l’essai de son faste imposteur.
Si quelque illusion a sur moi de l’empire,
C’est l’amour qui m’enflamme, il est l’unique erreur
Dont j’aime encore à me laisser séduire :
Et votre cœur, Madame, est le trône où j’aspire ;
C’est de lui seul que dépend mon bonheur.
Ce bonheur ne fut-il que l’ouvrage d’un songe ?
Pour ne pas m’y livrer, il est trop enchanteur ;
La vérité ne vaut pas ce mensonge :
Et je le trouve si flatteur,
Qu’il me seroit cent fois plus agréable
De croire posséder votre cœur dans les fers,
Sans espoir de sortir de cet antre effroyable,
Que de me voir, sans lui, maître de l’Univers.

SOPHRONIE.

Votre félicité n’est pas un vain phantôme,
S’il est vrai que mon cœur vous soit si précieux ;
Et les effets, bientôt, vont prouver à vos yeux,
Qu’il est votre sujet, avec tout ce royaume.

SIGISMOND.

Quoi, je serois aimé ! Je me verrois heureux !

SOPHRONIE.

Oui, Prince, il n’est plus temps de taire