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L’heureuse Sophronie aura du moins la gloire
De briser, de sa main, les chaînes de son roi,
Et d’affranchir ses jours d’une prison si noire.

SIGISMOND.

Que vois-je ! Ma princesse, au fond de ces déserts,
Vient rompre elle-même nos fers ?
Elle s’arme pour nous dans ce jour favorable ?
Qu’un trait si généreux me la rend adorable !
Et qui peut m’acquitter des biens que j’en reçois ?
Dieux trompeurs ! Par un rêve aimable,
Ne m’abusez-vous pas une seconde fois ?
Mon bonheur est trop grand pour être véritable.
Je dors encore sans doute, & tout ce que je vois
N’est rien qu’un phantôme agréable.

ARLEQUIN.

Prince, n’en doutez point c’est un bonheur palpable.

SOPHRONIE.

Ce n’est point un songe, Seigneur ;
Je vous parle en effet, & je suis Sophronie,
Qui pour vous couronner veux prodiguer ma vie :
Vous êtes de Basile unique successeur.
En vain ce roi, frappé d’une aveugle terreur,
Veut transporter vos droits au duc de Moscovie :
Tout l’état, avec moi, s’arme en votre faveur ;
Venez, volez au trône où je vais vous conduire.