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Qui sait, si dans ce jour, leur sagesse infinie
N’en seroit pas l’auteur secret ?
Pour vous je tremble dans ce doute.
Je sais qu’aux immortels votre fureur déplaît ;
Je crains que leur rigueur n’ajoute
À votre châtiment, tout horrible qu’il est.
Sigismond, voulez-vous épuiser leur vengeance ?
Ou croyez-vous que par la cruauté
Vous mériterez leur clémence ?
Ah ! Dépouillez plûtôt votre férocité,
Et votre orgueil qui les offense ;
Portez-vous au bien constamment ;
Et songez que leurs mains versent leur récompense
Jusques sur la Vertu qu’on exerce en dormant.

SIGISMOND.

Sigismond, de ton cœur dépouille l’arrogance.
Réprime tes noires fureurs.
Que le bien soit ton exercice unique,
Et saches que les Dieux répandent leurs faveurs
Jusques sur la vertu qu’en songe l’on pratique.

CLOTALDE.

Oui, c’est le seul moyen d’attirer leur bonté.

SIGISMOND.

Il faut donc vaincre ma fierté.
Par ta voix, comme un trait de flamme
La vérité, Clotalde, a pénétré mon ame.