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J’espérois, par mes soins, parvenir à lui plaire,
Quand un prince odieux, protégé par mon pere,
Dans mon bonheur m’est venu traverser.
Ce coup a réveillé le feu de ma colere,
Et j’ai juré dans mon transport,
Qu’avant que le soleil redonnât la lumiere,
Au sein de mes tyrans je porterois la mort.

CLOTALDE.

De l’auteur de votre naissance,
Eh quoi, les jours par vous ne sont pas respectés ?
Et sur moi, qui pris soin d’élever votre enfance,
Vous étendez vos cruautés ?
Ah ! Sigismond, à cet excès barbare
Pouvez-vous vous porter, même dans le repos ?
En goûtant ses douceurs, notre cœur se déclare.
De l’ame d’un tyran un noir songe s’empare,
Il voit toujours du sang dont il verse des flots :
Mais la vertu, dont votre esprit s’égare,
Jusques dans le sommeil accompagne un héros.
N’accusez plus les dieux si vous êtes en bute
À tous les traits de leur courroux.
Avec juste raison leur bras vous persécute :
Les sentiments cruels qu’on voit paroître en vous,
N’ont que trop, à mes yeux, justifié leurs coups.
Ce songe, dont votre ame est encor si remplie,
Eh, pour vous éprouver, qui sait s’il n’est point fait ?