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J’étois, alors, vêtu superbement,
Environné d’une foule nombreuse
Qui me servoit avec empressement.
Je me souviens, qu’au fort de mon étonnement,
Je t’ai vû le premier me rendre ton hommage,
Et, fléchissant le genou devant moi,
Me déclarer que j’étois fils du roi,
Et que son trône était mon héritage.

CLOTALDE.

Sans doute, vous avez, dans ces momens heureux,
Reçu votre sujet en prince généreux ?…

SIGISMOND.

À ton discours, m’armant d’un front sévere,
Clotalde, j’ai voulu te punir, au contraire,
D’avoir suivi du roi les ordres rigoureux,
Et de m’avoir caché ce funeste mystere :
Tu n’as pû, qu’en fuyant, te soustraire à mes coups,
Et mon pere s’est vû l’objet de mon courroux.
Mais ce qui s’est gravé dans le fond de mon ame,
Avec des traits de flamme
Que rien ne sauroit effacer,
Une auguste princesse à mes yeux s’est montrée,
Sa beauté la rendoit digne d’être adorée.
Ah ! Sans douleur, je ne puis y penser.
J’ai déclaré mon feu sincere,
Elle a paru ne pas s’en offenser :