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LE ROI.

Un roi n’écoute point l’amour ni son caprice,
Il n’entend, il ne suit que la seule justice ;
Et c’est à vous de m’imiter :
Apprenez à régner par cet effort suprême ;
Et, pour mieux affermir la paix,
Commencez par mettre, vous-même,
Vos injustes desirs au rang de vos sujets.

SIGISMOND.

Mes desirs sont trop purs pour que je les immole.
Que dis-je ? La princesse abhorre mon rival,
Et son cœur est contraire à cet hymen fatal.
Vous-même, retirez une injuste parole.

LE ROI.

Qu’osez-vous proposer ? La parole des rois,
Comme celle des dieux, doit être inviolable :
J’ai prononcé pour lui, souscrivez à ce choix ;
C’est un arrêt irrévocable.

SIGISMOND.

Ah ! Tyran, c’en est trop ; cet arrêt inhumain
Vient de rallumer dans mon sein
Les feux de mon courroux avec plus de furie :
Les respects les égards que j’ai pour Sophronie,
Et l’espoir d’obtenir sa main,
Pouvoient seuls retenir la haine qui m’enflamme ;
Ce trésor accordé pouvoit seul, de mon ame