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Scène VIII

SIGISMOND, ARLEQUIN.
SIGISMOND.

Adieu.Princesse, hé bien, j’étoufferai ma haine ;
Mais d’un si noble effort vous serez donc le prix.
Avec vous je suivrai la clémence sans peine ;
Je serai généreux envers mes ennemis :
Mais, sans vous, il n’est point de frein qui me retienne ;
À mon ressentiment tout deviendra permis.
Il faut que tout périsse, où que je vous obtienne.

ARLEQUIN.

Hé bien, Seigneur, peut-on savoir de vous
Comment vous trouvez la princesse ?

SIGISMOND.

Charmante, & digne enfin de toute ma tendresse :
Sa beauté, dans mon sein, allume tant de feux,
Que, pour m’en voir le possesseur heureux,
Je suis prêt d’oublier tout ce qu’a fait mon pere.
Elle a, dans un instant, changé mon caractére ;
Le seul son de sa voix a dompté ma fureur ;
La douceur de ses yeux a passé dans mon cœur ;
Elle vient de verser dans mon ame charmée,
Le desir de la gloire, & l’oubli de mes maux :