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Et par droit de naissance, & par droit de beauté.
Vous ne répondez point ? Que faut-il que je pense,
Et de votre embarras, & de votre silence ?
Haïriez-vous le trône avec moi partagé ?
S’il étoit vrai, quel coup pour mon cœur qui vous aime !
Les maux, où dans ma tour je me suis vû plongé,
Seroient doux, comparés à ce malheur extrême.

SOPHRONIE.

Je vois dans vos transports régner tant de candeur,
Que je dois les payer d’une entiere franchise :
Et, comme la vertu préside à votre ardeur,
Elle m’engage, & m’autorise
À vous dévoiler tout mon cœur :
Apprenez que j’en suis souveraine maîtresse,
Et que toujours il brava la tendresse :
Des courtisans flatteurs le langage affecté,
Leurs vices travestis avec habileté,
Sous les dehors trompeurs d’une humble politesse,
Et leurs hommages faux, l’ont toujours révolté ;
Leur ardeur peu sincere, & sans délicatesse,
Leur penchant invincible à l’infidélité,
L’ont garanti de sa foiblesse ;
Il s’est armé contr’eux d’une juste fierté :
En s’éloignant du sein de la nature aimable,
Ils ont rendu l’amour, à mes yeux, méprisable.