Page:Boissy-Oeuvre de Théâtre de M. Boissy. Vol.5-1758.djvu/266

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



Scène V

SIGISMOND seul.

Seroit-il vrai, grands dieux ! que mon destin brillant
Fût d’un songe imposteur l’ouvrage fantastique ?
Verrai-je, malheureux ! ma grandeur chimérique,
S’évanouir en m’éveillant ?
Rentrerai-je en mes fers ?… Non, je ne puis le croire.
Chaque objet qui me frappe, & chaque événement,
Pour n’être qu’un vain songe, au fond de ma mémoire
Se grave trop profondément.
Chassons de mon esprit une terreur si noire,
Quand de la vérité ma raison me répond :
Et, pour douter un instant de ma gloire,
Je sens trop que je suis le prince Sigismond ;
Je le sens encor mieux aux mouvements de rage
Dont mon pere a rempli mes esprits furieux.
Tout ce qui s’offre à moi me paroît odieux.