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Des marques de respect & de reconnoissance,
Vous nous devez des soins, à votre tour,
Conformes à notre naissance ;
Et des preuves de votre amour.

LE ROI.

Si j’ai condamné ton enfance,
C’est malgré moi que je l’ai fait ;
Et j’ai voulu te soustraire au forfait
Où devoit t’entraîner la maligne influence
De l’astre qui te dominoit.

SIGISMOND.

Mais, toi-même, sans crime, as-tu pû l’entreprendre ?
Étoit-ce à toi de lire dans les cieux,
Et de vouloir forcer l’ordre des dieux
Par d’injustes moyens qu’ils t’avoient sû défendre ?
N’étoit-ce pas à toi de les laisser agir ?
Et ne devois-tu pas attendre
Que je fusse coupable, avant de me punir ?

LE ROI.

C’est un crime que je répare.
Les biens dont aujourd’hui te comble ma bonté,
Doivent éteindre un souvenir barbare.
Imites ma douceur, & non ma cruauté.
Du courroux qui t’aigrit, quel que soit le murmure,
Souviens-toi qu’il est beau d’oublier une injure.