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J’imite ton exemple, & je suis ton ouvrage ;
D’autant plus excusable en mon emportement,
Que la raison l’approuve, & que ma tyrannie,
Par un juste retour, & par un mouvement
Que la nature justifie
N’aspire qu’à punir les tyrans de ma vie :
Mais toi, pere coupable & bourreau de ton fils,
Tu t’es montré cruel contre toute justice,
Contre les droits humains & les loix du pays,
Pour m’enterrer vivant dans un noir précipice.
Quel forfait, en naissant, avois-je donc commis ?
C’est peu de me cacher à ma patrie entiere ;
Tu m’as tout refusé, jusques à lumiere,
Pour la premiere fois, aujourd’hui j’en jouis.
Dans les transports de sa colere,
Contre moi, que pourroit imaginer de pis
Le plus mortel de tous mes ennemis ?
Parens dénaturés, à vos ordres bisarres,
Quoi, nos jours innocens seront-ils asservis ?
Serez-vous envers nous impunément barbares,
Et les ressentimens nous sont-ils interdits ?
Non, non, c’est une erreur dont vous êtes séduits.
Par une sage prévoyance,
Les équitables Dieux ont borné vos pouvoirs ;
Ainsi que nous, vous avez vos devoirs :
Et si nous vous devons avec l’obéissance