Avec combien d’ardeur, prompt à se dévoiler,
Pour toi ce sang vient de parler
Dans le fond de mon ame émûe.
Si pour ton fils, quand tu l’a mis au jour,
Barbare ! il t’eût parlé de même,
Tu ne réduirois pas aujourd’hui cet amour,
À se changer en une haine extrême.
Ma tendresse présente auroit dû triompher.
Cette haine est un monstre, & tu dois l’étouffer.
Reprends l’amour d’un fils pour un pere qui t’aime.
Non, ne l’espere pas ; les maux que tu m’as faits
Dans mon esprit sont gravés pour jamais.
Ah ! Ces retours affreux, & l’horreur qu’ils t’inspirent,
Me font trop voir que les astres sont vrais
Dans le malheur qu’ils me prédirent ;
Il est écrit sur ton front irrité,
Et j’y lis d’un tyran toute la dureté.
Pere cruel ! dont la bouche m’outrage,
Si je suis un tyran, n’en accuse que toi :
Par ton ordre, élevé comme un monstre sauvage,
Je ne fais que répondre aux soins qu’on eut de moi.