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Par un Prince étranger s’il se voyoit régir,
L’état de la Pologne auroit trop à rougir.
C’est allumer les feux d’une guerre civile ;
C’est trahir votre fils pour troubler vos sujets.
Lui seul, Seigneur, lui seul peut assurer la paix.
Sigismond reconnu va rendre tout tranquille ;
Ce nom seul vous répond du cœur des Polonois :
Il n’appartient qu’au fils du grand Basile,
De réunir toutes les voix.

LE ROI.

Grands Dieux ! Que dois-je faire en cette conjoncture ?
Daignez, pour terminer mon funeste embarras,
M’inspirer le moyen d’accorder la nature
Avec le bien de mes états :
Faites que je sois roi sans cesser d’être pere ;
Que la prudence en mot guide le sentiment…
Ils exaucent mes vœux ; je sens dans ce moment,
Qu’ils viennent m’éclairer par un trait de lumiere,
Pour éprouver mon fils, & lui faire essayer
Le scéptre paternel, sans exposer l’empire.
Clotalde, apprens ce que le ciel m’inspire,
Et que ton art doit employer.
Par la vertu d’un breuvage propice,
Il faut, dans un sommeil profond,
Ensevelir le prince Sigismond.